Enrichissez cette base de collectionneurs en ajoutant vous même de nouveaux billets

Parfois il faut passer un « coup de gueule » au sujet de nos achats. Je conçois parfaitement, pour avoir connu cette situation, que la psychologie du collectionneur est très complexe. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’acquérir un billet qui manque à notre collection, l’irrationnel tente par moment à l’emporter complètement sur la raison. Pourtant, les arnaques à la bonne affaire ne sont pas légion dans notre collection car un billet de banque est par essence difficile à reproduire et c’est alors dans le détail que peut se nicher le diable. Et des margoulins à la petite semaine l’ont bien compris en proposant des billets initialement rares mais faux. Lorsque le subterfuge se reproduit à maintes reprises, cela en devient agaçant et c’est ce que je vais dénoncer factuellement dans les lignes qui suivent.

Deux types de surcharges

Suite à la réforme monétaire du 18 février 1943, les billets de 20, 100, 500 et 1000 francs Djibouti (Réf. Kolsky-Muszynski #KM.611, #KM.613, #KM.616 et #KM.617) sont surchargés une première fois d’un tampon noir orné de petites rosaces en répétition et comportant les mentions suivantes : « B.I.C – DJIBOUTI – Côte française des Somalis » :

Mais peu sécurisée et facile à reproduire, cette surcharge est rapidement remplacée par une seconde surcharge, permettant ainsi à la Banque de l’Indochine de marquer sa contribution à l’effort de guerre. Tous les billets en circulation à Djibouti sont donc affublés d’une nouvelle surcharge directement en phase avec le cours de l’histoire :

Celle-ci se caractérise par une grande rosace comportant les lettres « F.C » (France Combattante) avec au-dessous la date du « 1er Janvier 1943 » et un hexagone (la France ?) contenant une tête de gazelle. Sur les côtés, deux signatures non identifiées et deux croix de Lorraine. Cette disposition graphique est destinée à dissuader toute contrefaçon. Les deux séries de surcharges seront définitivement retirées de la circulation à partir du 19 février 1945.

Les faux 5 francs Walhain « F.C »

Pour illustrer cet article, j’ai pris le cas du 5 francs type 1927 « Walhain » (Réf. Kolsky/Muszynski #KM608d, Pick #06 ou The banknote Book #B108). Connu en quatre combinaisons de signatures, c’est la dernière combinaison comportant les signatures avec Le Président, Marcel Borduge et Le Directeur Général, Paul Baudouin, qui est retenu pour être surchargée « F.C » :

300000 exemplaires prélevés dans les alphabets 63 à 74 sont émis avec cette nouvelle surcharge. Vous conviendrez donc que cette information (1) permet l’identification sans équivoque des billets de Djibouti comportant cette particularité « F.C ». Pour compléter, mon inventaire recense actuellement 71 coupures du 5 francs Walhain surchargé « F.C » . Le plus petit billet est numéroté B.63-867 et le plus grand billet est numéroté F.74-159 (2). Et pourtant, de nombreux collectionneurs se font encore berner avec des billets faussement surchargés.

Les exemplaires rattrapés par la police

Le premier cas est sans équivoque puisque je dispose du billet original non surchargé, numéroté R.48-351 et vendu pour seulement 3€ chez cgb.fr en 2013 :

Voici à présent le même billet avec la fausse surcharge « F.C » :

La fausse surcharge est le plus souvent réalisée par une impression numérique sur le billet original, lui-même sans doute habilement disposé sur une feuille A4, afin d’obtenir le subterfuge final. Comme je l’ai signalé par le passé avec les faux billets de 50, 100 et 1000 francs Suez (dont les articles sont à consulter dans la catégorie « Faux » du site bifyc), les procédés utilisés par les contrefacteurs sont presque systématiquement similaires et d’une grande pauvreté graphique. Ces fausses surcharges sont pourtant faciles à détecter à l’œil nu ou à la loupe, si vous avez le faux billet en main ou pas (voir photo ci-dessus) et sur lequel on peut observer la présence de points de trames sur les bords de la surcharge apocryphe donnant la sensation visuelle de bavures ou de tremblements.

Les autres cas de faux que j’ai détecté avec beaucoup de facilité, correspondent tout simplement à des billets comportant des alphabets situés en dehors de la plage officielle (63 à 74) ! Les exemplaires incriminés sont numérotés : C.42-935, K.47-121, P.57-283, Q.57-190, C.59-537, W.59-053, K.61-242 et G.62-236. Pour ce dernier billet, la contrefaçon semble très bien faite. Il me faudrait disposer de la coupure physique pour valider mes soupçons. Je ne dispose malheureusement pas de toutes les illustrations concernant cette liste de faux. Merci de m’adresser (3) les visuels manquants ou tout autre exemplaire, si vous pensez être malheureusement en possession d’un faux. On pourra ainsi regarder ensemble pour vérifier. Le plaisir sera pour moi…

citygroundhero-6 ou l’impunité permanente

Je signale que les faux billets présentés sur fond orange proviennent du même brigand. Basé en Grande-Bretagne, ce vendeur ebay bénéficie depuis des années d’une impunité permanente, malgré des alertes répétées auprès d’ebay (totalement sourd à nos sollicitations). Finalement le crime paye, alors pourquoi s’arrêter. Ainsi, l’exemplaire numéroté Q.57-190, présenté cette fois sur un fond noir, est actuellement en vente ! Je dirais plutôt « à nouveau » en vente puisque le billet avait déjà été acheté 32£ il y a quelques semaines par un pigeon collectionneur qui s’est sans doute désisté ? Sur la nouvelle annonce, le prix du faux est déjà à 41£ (voir la vente).

Dans les derniers faits d’armes de cet escroc concernant cette fois un autre billet de Djibouti, un 20 francs « au paon » bistre a été détourné en rare 20 francs surchargé « F.C ». Cher collectionneur, seuls les 20 francs « au paon » en bleu ont été surchargés « F.C » ! En réalité, plus c’est gros et plus ça passe :

En guise de conclusion, un seul conseil… caveat emptor (4).

Notes

(1) Cette information est disponible depuis 1997 à la page 246 de l’ouvrage de MM. Kolsky et Muszynski.
(2) Billet disponible à l’achat dans la prochaine vente de MDC Monaco, LOT N°176, gradé PMG 53 et au prix de départ de 500 €.
(3) contact(a)bifyc.com
(4) « caveat emptor » signifie en latin « que l’acheteur se méfie ».

Sources

« Les billets de la Banque de l’Indochine » par MM. Maurice Kolsky et Maurice Muszynski, pages 244 à 247, seconde édition, Editions Gadoury, 1997.

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