Beaucoup de billets passent et repassent dans vos poches et portefeuilles, mais dans l’ensemble, peu de gens prêtent attention aux numéros mystérieux qui peuvent s’y cacher ! Pour le commun des mortels, ce ne sont que des billets ordinaires. Mais pour le collectionneur de billets de banque anciens, cette gymnastique est devenue une véritable thématique de collection. Déjà très en vogue dans les pays anglo-saxons qui la définisse par l’expression « Fancy Numbers »(1), le jeu commence à séduire de plus en plus de collectionneurs français.
Les combinaisons de numéros spéciaux sont nombreuses. Certains billets sont faciles à trouver alors que d’autres sont extrêmement rares et il faut parfois avoir de la chance ou l’opportunité de trier un très grand nombre de coupures. Trouver la logique dans les numéros est une compétence qui ne s’acquiert qu’avec des années d’expérience et de pratique. Ce n’est qu’avec une observation attentive, de la persévérance et de la patience que vous pourrez réunir des billets comportant une numérotation originale. « La beauté est dans l’œil de celui qui regarde »(2). Il en va de même dans le domaine de la billetophilie ainsi que dans toutes collections. Ainsi, les numéros uniques ne seront perçus que par l’œil du vrai collectionneur !
Attention : la rareté réelle de ces billets est toute relative puisqu’elle dépend de la longueur du numéro de série ou du numéro de contrôle. En général, le collectionneur peut être amené à commencer par rechercher le plus petit numéro d’un billet, soit le numéro le plus proche du premier billet émis. Ensuite, on peut s’amuser à rechercher le plus grand numéro d’un billet. Mais rapidement, pour les plus férus de numéros spéciaux, la palette s’étend…
Les principales déclinaisons de numéros spéciaux les plus convoitées sont listées ci-dessous :
Le numéro « solide »
Cette combinaison très recherchée par les collectionneurs, consiste à dénicher le billet avec tous les chiffres du numéro de série (ou du numéro de contrôle) identiques, comme « 111 », « 2222 » ou « 55555 ». On parle alors de numéros solides. Ci-dessous, un exemple extraordinaire, réunissant toutes les combinaisons de solides du 10 francs Voltaire : « 00000 » (le spécimen, que l’on peut considérer à la fois comme un « super solide » et un « numéro ultime », lire plus loin), « 11111 », « 22222 », « 33333 », « 44444 », « 55555 », « 66666 », « 77777 », « 88888 » et « 99999 » :
Le numéro « super solide »
Les billets « super solides » sont ceux qui ont le ou les mêmes chiffres dans l’alphabet et dans le numéro de série. Par exemple, un billet présentant un alphabet « Y.11 » et un numéro de série « 11111 » — 2 fois le chiffre « 1 » dans l’alphabet et 5 fois le chiffre « 1 » dans le numéro de série. Les billets présentant cette combinaison alphabet/série sont d’une grande rareté.
Le numéro « ultime »
Un billet avec un numéro « ultime » est l’exemplaire dont la lettre d’alphabet est visuellement proche des chiffres qui la suivent et ceux du numéro de série. Par exemple, si la lettre de l’alphabet est un « B », qui ressemble au chiffre 8, et que le numéro de série est composé uniquement de huit, alors ce billet est appelé billet ultime : B88 88888. En ce qui concerne les billets émis en France, les spécimens possède cette caractéristique (voir le spécimen du 10 francs Voltaire ci-dessus), puisque la lettre d’alphabet est un « O » : O.0 0000, O.00 00000, O.000 000000, etc.
Le numéro « radar »
C’est le numéro spécial le plus recherché lorsque l’on débute ce thème de collection. Le numéro du billet est un palindrome, comme certains mots qui peuvent se lire de gauche à droite ou de droite à gauche et qui conserve le même sens et la même signification. Exemples : radar, Hannah, kayak, laval, non, ressasser, serres, elle. Ainsi, lu de gauche à droite ou de droite à gauche, le numéro de série ne change pas : 51015, 084840, 1115111, etc. Ci-dessous, un numéro « radar » sur 8 chiffres, soit un billet pour 10000 exemplaires (0,01% de probabilité) :
Le numéro croissant et décroissant
Ces type de billets à numéros croissants ou décroissants sont également très recherchés. Appelés également « nombres échelles », ces billets présentent une combinaison de chiffres consécutifs ascendants ou descendants. Le chiffre zéro « 0 » peut alors être considéré comme un zéro « 0 » ou un dix « 10 ». Les combinaisons possibles en fonction du nombre de chiffres du numéro du billet : 0123456, 1234567, 2345678, 3456789, 4567890, 0987654, 9876543, 8765432, 7654321, 6543210.
Le numéro « rotateur »
Les numéros rotatifs ou rotateurs sont des nombres où il faut imaginer un axe rotatif situé à la position du chiffre central, axe autour duquel pourrait tourner le numéro de série. Ainsi, les seuls chiffres pouvant être impliqués dans un rotateur sont ceux qui peuvent signifier quelque chose à l’endroit comme à l’envers : 0, 6, 8, 9. Le chiffre central, quant à lui, ne peut être qu’un zéro (0) ou un huit (8) : 6660999, 890068, etc.
Le numéro « miroir » ou reflexion
Le jeu consiste à trouver 2 billets formant une « image miroir » lorsqu’ils sont placés côte à côte. Par exemple, si l’un des billets comporte le numéro « M.99 000999 » et l’autre porte le numéro « W.66 000666 », ceux-ci sont des images miroir de l’un et de l’autre.
Le numéro « 3R »
C’est le numéro spécial « couteau suisse » proposant à la fois une visualisation Radar, Rotateur et Réflexion. Le numéro du billet peut être lu selon n’importe quelle logique, il coche parfaitement toutes les cases. Par exemple, si la lettre du préfixe ou d’alphabet est « B », qui ressemble au chiffre « 8 », on obtient « 80B 000808 » pouvant être lu de gauche à droite, tourné comme vous voulez ou comme image miroir. Posséder un billet unique comme celui-ci serait le rêve de tout collectionneur !
Notes
(1) Traduction : « numéros fantaisie ».
(2) Citation d’Oscar Wilde tirée de l’un de ses plus célèbres essais, « Le Déclin du mensonge », publié en 1891.
Remerciements : la série de 10 billets du 10 francs Voltaire m’a été aimablement confiée par un prestigieux collectionneur hexagonal. Je lui suis infiniment reconnaissant.
