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La Banque de la Martinique est créée suite à la loi du 11 juillet 1851 sur l’organisation des banques coloniales. Le montant du capital de la banque est calculé sur le huitième de l’indemnité accordée aux colons suite à l’abolition de l’esclavage en 1848 (loi du 30 avril 1849). La banque reçoit le monopole de l’émission de billets d’une valeur de 500, 100, 25 Francs et de 5 Francs, mais ces derniers seront autorisés ultérieurement par les lois de 1874 et 1905. Le privilège d’émission, accordé à titre temporaire pour une période vingt ans, est toutefois autorisé sous trois conditions : que les billets mis en circulation soient remboursables à vue au porteur, que les émissions monétaires soient limitées au triple de l’encaisse métallique et que les éventuelles dettes de la banque ne soient pas supérieures au triple de son capital social. En janvier 1853, la Banque de la Martinique ouvre ses portes au public à Saint-Pierre. L’éruption de la Montagne Pelée le 8 mai 1902 entraîne la destruction totale de la ville de Saint-Pierre et le transfert du siège social de la banque à Fort-de-France.

Un billet américain !

Au début de la Seconde Guerre mondiale, l’île est coupée de la Métropole. Cinq billets de 5, 25, 100 et 2 billets de 1 000 francs sont alors conçus et imprimés à Philadelphie aux États-Unis entre 1942 et 1945. L’une de ces deux plus grosses valeurs est la coupure de 1000 francs type 1943 (Réf. Pick : #21a, The Banknote Book : #B225, Kolsky : #K322). Au recto, la vignette comporte un encadré composé de formes guillochées avec un fond de sécurité sur lequel se répète les mots « BANQUE DE LA MARTINIQUE ». Sur la droite, une allégorie de l’Agriculture est symbolisée par une famille au repos dans un champ avec une femme offrant une grappe de raisins à son enfant, tandis que le père, le dos tourné et tenant une houe sur ses genoux, semble songer à l’avenir :

La numérotation « E9-629 » est imprimée en noir et répétée à deux reprises dans l’encadré. Au centre, le libellé de l’institut émetteur « BANQUE DE LA MARTINIQUE », la valeur en chiffres « 1000 » dans deux rosaces florales sur les côtés, le numéro de contrôle du billet « 204629 » imprimé en noir, la valeur en lettres « MILLE FRANCS », la mention « PAYABLES À VUE AU PORTEUR » et trois signatures imprimées en noir :

Au verso, on retrouve un encadré similaire à celui du recto. Au centre, le dieu du Commerce symbolisé par un jeune Mercure et Cérès, la déesse de l’Agriculture, conversent assis dans un paysage bucolique au milieu de fruits et de légumes en abondance :

De chaque côté de la figure, la valeur en chiffres « 1 000 » dans deux rosaces florales. En partie basse, l’article 139 du Code pénal est imprimé sur une ligne :

Trois combinaisons de signatures

Le 1000 francs type 1943 de la Martinique comporte trois variantes de signatures à collectionner pour trois dates d’émission (1943, 1944 et 1945), mais le billet n’est pas daté. La première combinaison de signatures (#K322a) de 1943 est identifiable avec Le Directeur, René Didellot, Un Censeur, Marcel Calvy et Le Caissier, Edmond Rosemain :

La seconde combinaison de signatures (#K322b) de 1944 est identifiable avec Le Directeur, Charles Garcin, Un Censeur, Angelini et Le Caissier, Edmond Rosemain :

La troisième combinaison de signatures (#K322c) de 1945 est identifiable avec Le Directeur, R. Arnaud, Un Censeur, Marcel Calvy et Le Caissier, Edmond Rosemain :

Répartition des séries par signatures

DateSignaturesPlages de séries
1943Didellot/Rosemain/CalvyJ1 à R6
1944Garcin/Rosemain/AngeliniS7 à Z7
1945Arnaud/Rosemain/CalvyA8 à L10

Caractéristiques techniques du billet

Conception et impression : American Bank Note Company (ABNC) de New-York. Tirage : 50.000 billets émis. Dimensions : 202L x 111H mm. Couleur : impression en marron sur un fond en dégradé vert et brun. Textes en noir. Signes de sécurité : la coupure ne comporte pas de filigrane.

Un billet très rare

Le PMG Population Report indique 6 billets gradés : 1 x PMG 12 et 5 x PMG 25. biFyc ne recense actuellement que 15 exemplaires répartis par variantes de signatures dans le tableau ci-dessous :

PickKolskySérieNuméroÉtat
#21a#K322aC3876TTB
#21a#K322aC3117?
#21a#K322aR3041TTB
#21a#K322aK4450TB
#21a#K322aM4693PMG 25
#21a#K322aP4714B+
#21a#K322aF6984PMG 25
#21a#K322aJ6198?
#21a#K322aR6638B
#21a#K322bS7713B
#21a#K322bV7478Pr TTB
#21a#K322bZ7546PMG 25
#21a#K322cA8804TB
#21a#K322cB9453TTB
#21a#K322cE9629Pr TTB


L’exemplaire E9-629 illustrant cet article, est le tout dernier exemplaire entré dans l’inventaire. Pour information, un 16e billet, dont l’état reste inconnu, est mentionné sans série avec le numéro 184641 en page 146 de l’ouvrage « World War II Remembered » de C. Frederick Schwan et Joseph E. Boling.

Spécimens et épreuves

Un premier spécimen (Réf. Pick : #21s, The Banknote Book : #B225as, Kolsky : #KSP322-1var) numéroté A3-000 et gradé PCGS 66 OPQ, est recensé sans signatures. Le billet est annulé par trois perforations à l’emplacement des signatures et comporte deux surcharges « SPÉCIMEN » obliques en noir sur les valeurs « 1000 » au recto :

Un second spécimen gradé PMG 67 EPQ (Réf. Pick : #21s, The Banknote Book : #B225as, Kolsky : #KSP322-1) est identique à l’exemplaire ci-dessus mais numéroté A7-000 :

Une épreuve uniface (Réf. Pick : #21sp, The Banknote Book : #B225p, Kolsky : #KSP322-2) du recto et du verso est recensée non signée et non numérotée. Cette épreuve est gradée PCGS 64 pour le recto et le verso :

Enfin, une épreuve uniface en monochrome noir (Réf. Pick : #21?, The Banknote Book : #B225?, Kolsky : #KSP322?) du recto et du verso est recensée non signée et non numérotée. Cette épreuve provient de la collection Ibrahim Salem et est gradée PCGS 63 pour le recto et le verso :

En conclusion, ce billet rarissime (en particulier pour la seconde et la troisième variante de signatures) manque encore à un grand nombre de collections avancées des billets de banque de la Martinique. N’hésitez pas une seconde lorsque vous aurez l’occasion d’acquérir un exemplaire, même en mauvais état.

Sources bibliographiques

« Les billets des D.O.M-T.O.M » par Maurice Kolsky, 2006 (seconde édition), collection « Histoire du papier-monnaie français », page 111.
« World War II Remembered » par C. Frederick Schwan et Joseph E. Boling, 1995, BNR Press, page 146.
« The Banknote Book: Martinique » par Owen W. Linzmayer, page 16.
« Les vieilles banques coloniales d’émission : la Banque de la Guadeloupe et la Banque de la Martinique » par Alain Buffon, bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe, 2002.

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